Redécouvrir Ramiro Arrue

Je dois l’avouer, je n’avais jamais jusqu’ici été très inspiré par la peinture de Ramiro Arrue.

Sans doute étais-je saturé, après avoir si souvent vu, d’un oeil machinal, tant de ses oeuvres dans la vitrine de si nombreux antiquaires, dans les salons de la bonne société locale, en illustration de multiples articles de presse sur le Pays Basque ou de diverses éditions du Ramuntxo de Pierre Loti ou du Jean le Basque de Joseph Peyré.
Sans doute péchais-je également par paresse intellectuelle et par conformisme, tant Arrue a longtemps été victime d’un insidieux soupçon de « folklorisme », irrémédiable tare s’il en est en matière d’art pictural.

Puis est arrivée, le 8 juillet 2017, cette exposition « Ramiro Arrue entre avant-garde et tradition » à l’Espace Bellevue de Biarritz, qui rassemble sur 1200 mètres carrés plus de 350 oeuvres du peintre basque (gouaches, huiles, dessins, émaux, croquis, illustrations et photographies), dont nombre sont inédites ou étaient inaccessibles au public depuis les années 30.

Le magnifique travail muséographique accompli par Olivier Ribeton, commissaire de l’exposition et conservateur en chef du Musée Basque, éclaire en effet l’oeuvre de Ramiro Arrue d’un jour réellement nouveau et met son parcours en perspective avec une remarquable acuité.

Le jeune basque espagnol arrive ainsi à Paris en 1919, y suit les cours de l’Académie de la Grande Chaumière aux côtés de Miró et Modigliani et hante les cafés de Montparnasse où il fréquente la fine fleur de l’avant-garde de l’époque, Picasso, Matisse, Cocteau, ce dernier, jamais à court d’un bon mot, lui disant « Vous portez le même nom que Monsieur de Voltaire : Arrouet »

L’influence de ces jeunes années parisiennes se retrouve par exemple dans son « Portrait de Mathilde » (1913), ici en regard de « La femme en robe noire » (1917) de Modigliani, et rayonne de manière diffuse sur l’ensemble de son oeuvre.

Mais Ramiro Arrue, au-delà de toutes les influences qu’on lui prête ou qu’on lui dénie, est avant tout le peintre du Pays Basque, de ses paysages, de sa vie quotidienne, de ses métiers, de ses rites, de ses fêtes, de ses hommes et de ses femmes.

Sous son pinceau, c’est l’âme basque qui se dessine, avec simplicité et élégance, sérénité et force.

« Pour en revenir au Pays basque, voici les raisons qui, je crois, m’y ont retenu : l’affection que j’éprouve pour tout ce qui en fait partie, sa nature, sa vie, ses mœurs, sa musique, ses chants. Le caractère des hommes et la grâce rustique des filles dans leur simplicité noble et primitive, leurs attitudes et leur personnalité, la force tranquille des marins et des pelotaris, la souplesse des danseurs et l’archaïsme des travailleurs de la terre. » 
– Ramiro Arrue (1931)

Ses à-plats de couleurs franches ou feutrées, son travail délicat sur la lumière de l’aube ou du crépuscule, son trait précis ceignant décors et personnages à la manière d’un subtil vitrailliste, révèlent un univers à la fois humble et majestueux, noble et prosaïque, traditionnel et d’une incroyable modernité.
Et donc définitivement intemporel.

Faites-vous une faveur, allez redécouvrir Ramiro Arrue !

Le Bellevue – Place Bellevue - Biarritz
Ouvert tous les jours du 8 juillet au 17 septembre de 11h00 à 20h00
Fermé le mardi 
Tarifs : 7 € / 5 € - Gratuit jusqu’à 12 ans.
Renseignements durant l’exposition : le Bellevue 05 59 01 59 20
Organisation : Ville de Biarritz - Service des Affaires Culturelles
Villa Natacha – 110, rue d’Espagne - 05 59 41 57 50
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